Très souvent, surtout lorsque le musée dépend d’une autorité publique, le chantier d’un musée – qu’il s’agisse d’une nouvelle construction ou d’une réaffectation – apparaît comme un projet immobilier et c’est « naturellement » les administrations responsables des travaux publiques qui prennent le dossier en charge. Cela présente l’avantage de décharger les responsables du musée d’une tâche qui est généralement hors de leur compétence, mais cette mainmise par des gestionnaires immobiliers fait passer au second plan les problématiques proprement muséales. Il s’agit là d’un point critique de la gestion d’un projet d’infrastructure muséale et ses conséquences en matière de conservation préventive sont considérables. On a même vu une importante ville de Wallonie confier à une entreprise de travaux publics, dans le cadre d’un contrat d’entreprise générale, la mise en place des objets dans les vitrines ! Il faut donc toujours privilégier une formule qui rassemble, dans un comité ad hoc, les compétences administratives, techniques et muséales de façon à permettre la prise en compte, dès le début d’un projet, de tous les paramètres et de toutes les contraintes liés au projet muséal. Le respect du
programme scientifique et culturel, la gestion des collections, l’attention à l’égard du visiteur constituent des obligations au même titre que la conduite courante d’un chantier. L’idée, trop fréquente, que ces questions interviennent après l’achèvement des travaux, est erronée. Il ne s’agit, en aucun cas, de finitions mais bien du cœur même du projet muséal, dont les travaux d’infrastructure ne sont qu’un moyen.
